11 déc. 2011

Annamite du Vietnam, Mikado au Yunnan


            

         Le mot Annam est un exonyme donné par les Chinois de la dynastie des Tang à la région qu’ils venaient de coloniser et qui a été abandonné lors de l’indépendance du Vietnam en 939. Ce mot, tiré du chinois classique 安南  ān nam « paix sud » signifie plutôt « le sud pacifié ». C’est ce mot qui a été repris au 19ème siècle par la colonisation française pour désigner aussi bien la région centrale du Vietnam que le pays lui-même. Le mot Annam n’a jamais été utilisé par les « Annamites » eux-mêmes et il est toujours perçu par les Vietnamiens comme dégradant.

C’est ce sinogramme 南 nán « sud » anciennement prononcé nam que l’on retrouve dans le mot Vietnam qui signifie littéralement « Viets du sud ». Ce sinogramme 南 entre fréquemment dans la toponymie chinoise et on le retrouve dans les mots Yunnan (雲(云)南 yún nán « sud des nuages »)   ou Hénan hé nán « lac du sud ». 

La première syllabe du mot Annam, le sinogramme 安 ān « paix » est composé de l’idéogramme 女 nǚ « femme » surmonté de l’idéogramme 宀 mián « toit ». Une femme sous un toit, c’est donc la paix, ān que l’on retrouve dans le nom de la place Tienanmen « porte de la paix céleste » 天安門() tiān ān mén, désormais célèbre pour sa révolution réprimée.

L'idéogramme  mén « porte » a été phonétiquement emprunté par le coréen mun « porte » et graphiquement par le japonais  prononcé /do/ ou /kado/ « porte » que l’on retrouve dans le mot mikado. Dans cet ancien terme impérial (御 門 /mi kado/), le mot 御 /mi/ est un titre honorifique qui précèdant le mot porte signifie « splendeur de la porte (du palais) ». C’est ce mot mikado qui a été utilisé pour nommer un jeu de baguettes venu d’Asie.

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