8 sept. 2011

Café ou bistro


Parmi les mots qui partagent une quasi homophonie planétaire tels que taxi ou hôtel, le café se place parmi les premiers. Dans presque toutes les langues du monde, on trouve le binôme consonantique /kf/, /kp/ ou /kv/ tiré de l’arabe قهوة /qahūat/ « café ». Le français café a d’abord transité par le turc kahve et a hésité quelques temps entre les formes cahoa, cahouin et caphé avant d’adopter définitivement (?) la graphie café. Plus tard, à travers l’argot colonial on le voit réapparaître sous la forme caoua, bien plus proche de son étymon arabe mais cantonné au langage familier.
On sait que le plant de café est originaire des hauts plateaux éthiopiens et on suppose son nom provenir de la province de Kaffa au sud-ouest du pays. Pourtant, le mot amharique pour « café » est le mot /bunna/ que l’on retrouve en arabe emprunté sous la forme بنّ /bunn/ « grain de café » et dans le somali /bun-ka/ « café ».
C’est dans la sphère arabo-ottomane et depuis le 9ème siècle que s’est développée l’habitude de boire du café. Il n’est consommé en Europe que depuis le 17ème siècle et il est d’usage en France de le boire dans un mazagran ou dans une tasse. Ces deux mots proviennent eux-aussi de mots orientaux. Le premier n’est jamais utilisé par un arabophone pour désigner une tasse à café mais est le nom d’une petite ville algérienne de la province de Mostaganem. Le mazagran a été nommé en l’honneur

d’une victoire de l’armée française sur les Algériens dans la localité de Mazagran lors de la conquête du pays en 1840. On dit que les soldats français avaient l’habitude d’y consommer du café additionné d’alcool rapidement bu. Ils furent autorisés à leur retour en France à donner à leurs propriétés le nom de Mazagran comme c’est par exemple le cas d’un lieu-dit des Ardennes et un quartier du village de Jausiers.
Le mot tasse a lui directement été emprunté à l’arabe طاس /ṭās/ qui désigne aussi bien une « tasse » qu’un « bol » mais qui provient lui-même d’un mot persan.
En français, le mot café désigne aujourd’hui aussi bien le fruit du caféier que la boisson et l’établissement où on le consomme. Ce lieu est aussi appelé troquet ou bistrot et on ne sait si ce dernier mot est une altération du français bistrouille ou un emprunt au russe быстро /bystro/ « vite » imposé par les soldats russes qui occupèrent Paris en 1816 et qui voulaient être servis rapidement…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire