28 déc. 2011

Ibis embaumé,et Bès balsamique d'Ibiza


                  L’ibis est un oiseau qui possédait une importance symbolique considérable chez les anciens Égyptiens. L’ibis sacré était objet de vénération au point qu’on a pu découvrir des centaines de milliers de ces oiseaux momifiés associés au dieu Thot dont le nom est transcrit par le hiéroglyphe  
ḏḥwtyUtilisé comme déterminatif, ce hiéroglyphe prend alors la valeur phonétique hb qui est à l’origine du grec ἷβις /ibis/.

         Malgré sa proximité phonétique le nom de l’île d’Ibiza ne provient pas du mot ibis mais d’un autre mot lié aux Égyptiens. Ce sont les Phéniciens qui fondèrent sur cette île un port auquel ils donnèrent le nom d’ibussim. On peut rapprocher ce toponyme du phénicien /ibošim/ qui fait référence au dieu égyptien Bès. Celui-ci, dieu protecteur des maisons était dépeint sous les traits d’un félin trapu debout sur ses pattes postérieures. Son nom égyptien bes ou bisu semble provenir d’un mot nubien signifiant « chat ».

         Cependant le nom Ibiza pourrait tout aussi bien provenir d’un autre mot phénicien, du binôme /i-busim/ « île des parfums » proche des mots hébreux אי /ay/ « île » et בשם /bèsem/ « parfum ». Il est de la même racine que l’hébreu בשם /basam/ « épices, baume » duquel provient, à travers le grec /balsamon/ le français baume mais aussi embaumer et balsamique.

26 déc. 2011

Carmin, cramoisi et vermillon


Le mot carmin nous est parvenu en français grâce à l'arabe قرمز /qirmiz/ qu’il avait emprunté au mot persan قرمز /qirmiz/lui-même issu du sanskrit /krmija/ « né du ver ». La couleur carmin est produite par la cochenille, qui une fois séchée et pilée fournit une poudre rouge vif. C’est ce même animal (Kermes vermilio) que l’on nomme aussi kermès, un nom directement tiré de l'arabe قرمز /qirmiz/. L’adjectif قرمزي /qirmizy/ « carmin » est lui à l’origine de la couleur que l’on nomme cramoisi

On peut faire un parallèle avec l’étymologie des mots vermeil et vermillon qui proviennent du latin vermiculus « petit ver » : en effet l'indoeuropéen /*kʷṛmi/ « ver », étymon du sanskrit peut être rapproché de l'autre racine indoeuropéenne /*wṛmi/ « ver » qui est à l’origine aussi bien du latin vermis que de l’anglais worm « ver ».



Cramoisi


Carmin

Vermillon




indoeuropéen /*kʷṛmi/                    /*wṛmi/ « ver »
↓                                    ↓
sanskrit /krmija/                   latin vermiculus
↓                                    ↓
arabe /qirmiz/                              vermeil
            ↓                               vermillon
                            carmin, kermès

23 déc. 2011

Jésus-Christ le messie massé


D’après les Ecritures (de l’Ancien Testament), Dieu doit envoyer celui qui rétablira Israël dans sa puissance et ses droits et qui ramènera la justice sur  terre. Pour ceci il doit être oint du Seigneur. En araméen, la langue du Christ, Messie se dit /mšīḥā/ et le participe passé hébreu משיח /mešīaḥ/ est issu du verbe משח /māšāḥ/ « oint ». Le Messie est donc « l’oint », celui qui a reçu sur la tête une friction faite d’huile. 
Ce mot hébreu provient d’une racine sémitique /mšḥ/ qui a aussi donné le mot arabe مسّ /massa/ « caresser, masser, toucher » que l’on a emprunté en français pour former les mots masser, massage. On voit bien ici l’idée commune de friction, de massage.

Handel - Messiah


         Cette notion hébraïque a été traduite dans les bibles chrétiennes par le mot grec Χρίστός /Khristos/ « l’oint » provenant de χρίςίς /khrisis/ « action d’oindre », de /khriein/ « oindre ». Les deux premières lettres du mot grec pour Christ ont été utilisées pour former le monogramme chrisme .
C’est évidemment de Christ qu’on été formés les mots christianisme ou chrétien mais aussi les prénoms Christian, Christine ou Christophe (porte-christ). Le binôme Jésus-Christ est donc synonyme de Jésus le Messie. Les musulmans reconnaissent Jésus comme un des prophètes les plus importants mais aussi comme le Messie que le Coran appelle  المسيح /al-masīḥ/ [1]

Chrême de banane ???
C’est encore à partir du mot grec χρίςμα /khrisma/ qu’a été formé le mot « chrême ». Cette huile bénite est utilisée lors de certaines consécrations des églises chrétiennes (baptême, confirmation, saints sacrements…). 


[1] Coran –Sourate 4.171 « ô gens du Livre (Chrétiens), n'exagérez pas dans votre religion, et ne dites d'Allah que la vérité. Le Messie Jésus, fils de Marie, n'est qu'un Messager d'Allah (…) » (le Coran ne reconnaît donc pas la nature divine du Christ )

Tchernobyl et Tchernigov

En ukrainien, чорнобиль /čornobıl’/ désigne aussi bien une sorte d’armoise (Artemisia vulgaris) que le nom de la ville qui lui doit son origine. Le nom Tchernobyl sous lequel elle est mieux connue est la prononciation russe Чернобыль /Černobyl’/ du même mot qui signifie littéralement « herbe noire ». En effet, le mot чорний /čornıī/ (чёрный /černyī/ en russe) signifie « noir » tandis que билля /byllyâ/ signifie « tige » ou « herbe ». Le prince Tcherni est un héros médiéval légendaire qui a laissé son nom à ville ukrainienne de Tchernigov (ukrainien Чернігів /černigiv /).



20 déc. 2011

Laque et Laquedives, sumac et Lakshmi


Tout le monde connaît le mot laque mais son genre et son sens restent parfois ambigus. La laque est un produit oriental connu depuis longtemps en Occident sous sa forme finie mais les secrets de sa production et sa récolte ne nous sont parvenus il n’y a que quelques siècles. Le mot laque désigne encore aujourd’hui des produits différents : il est féminin quand il désigne le produit durcisseur qu’on applique sur un objet (et par extension le produit : un fixateur pour cheveux) mais il est masculin quand on parle de l’objet laqué lui-même, souvent un meuble (un laque chinois). 

Ce vernis peut être un produit végétal ou un produit animal. Dans le premier cas, la laque végétale est le résultat de la transformation de la sève de plusieurs sortes d’arbres dont le plus connu est une variété de sumac (de l’arabe سمّاق /summāq/ qui désigne ce genre végétal toxique). 

La laque animale est produite par les sécrétions que l’insecte cochenille-laque (Laccifer lacca) laisse sur l’écorce de certains arbres de l’Inde. La teinte rougeâtre de cette substance dépend de la couleur de la sève que l’insecte aura auparavant consommé. Comme le produit lui-même, son nom provient d’Inde et plus précisément du sanskrit लक्ष /lakša/. Ce mot – qui nous est parvenu à travers l’arabe لكّ /lakk/ et le persan ﻻﻙ /lâk/ – provient de la racine लक्ष् /lakš/ qui signifie « montrer, indiquer ». Par extension, le mot लक्ष /lakša/ signifie aussi bien un « signe », une « marque » que le chiffre « cent mille ». C’est parce que cet insecte grégaire a l’habitude de s’agglutiner en grand nombre sur le tronc des arbres que le nom लक्ष /lakša/ lui a été donné. 

  Cette façon de compter les nombres de plusieurs centaines de milliers est très fréquente dans tout le sous-continent indien. Ainsi, en Inde (लाख /lākh/ en hindi), au Bengladesh, au Pakistan (لکھ /laka/ en ourdou) ou au Sri Lanka on parle de 5 lakh pour dire cinq cent mille. Dans le malayalam du Kerala, on parle de laksham et c’est ce mot qui a donné son nom aux Laquedives, dont ses habitants de langue malayalam nomment ലക്ഷദ്വീപ് /lakšadvīp/, un mot issu du sanskrit लक्षद्वीप /lakšadvīp/ qui signifie littéralement « cent mille îles » voir sérendipité. Ces îles appelées Lakshadweep en anglais, anciennement connues sous le nom de Laccadive dans lequel on retrouve le mot laque sous sa forme arabo-persane. Le mot लक्ष /lakša/ « signe » a aussi donné son nom à la déesse लक्ष्मी /lakšmī/ Lakshmi « marquée d’un signe de bon augure », déesse hindoue de la fortune et de la chance, épouse de Vishnou.




18 déc. 2011

Marzouki et Roxane, le risque de Roshan

Le 12 décembre 2011 l’assemblée constituante tunisienne élit à la présidence de la république l’ancien opposant Moncef Marzouki (المنصف المرزوقي). Comme le patronyme Merzoug ou Marzouk (arabe مرزوق‎ - hébreu מרזוק‎) il est un dérivé de la racine arabe رزق /razaqa/ « donner quelque chose à quelqu’un ». Ainsi on dit رزق الله الصحّة /razaqa Allah al-iḥḥat/ « que Dieu lui donne la santé » et le mot رزْق /rizq/ peut signifier "subsistance, vivres".


Cependant, cette racine arabe provient certainement du mot pahlavi rōzīk « pain quotidien, moyen de subsistance » proche de l’ancien persan raočah « lumière » (persan moderne روشن /rošan/) dont provient le prénom Roxan(n)e. On utilise toujours ce prénom en Inde mais sous sa forme masculine Roshan comme c’est le cas pour l’acteur indien ऋतिक रोशन Hrithik Roshan
On trouve par ailleurs en Afghanistan un célèbre opérateur téléphonique nommé روشن Roshan

Certains chercheurs voient dans l'arabe رزْق /rizq/ "vivres" l'origine possible du français risque dans un développement intéressant mais difficile à expliquer ici. Pour les courageux voir le lien suivant :


16 déc. 2011

Nehru à Nahariya


Jawaharlal Nehru (जवाहरलाल नेहरू en hindi), premier "premier ministre" de la république indienne était descendant d'une famille de brahmanes du Cachemire dont le était Kaul. Un de ses aïeux vint s'installer à Delhi près d'un canal, نہر /nahar/ en ourdou et pris ce mot comme patronyme. 

Le mot ourdou avait auparavant été emprunté au persan نهر /nahar/ lui-même issu de l'arabe نهر /nahara/  "rivière". On retrouve ce mot dans plusieurs toponymes du Proche-Orient tels que نهر الكلب /nahara al-kalb/ "rivière du chien", rivière du Liban ou نهر البارد /nahara al-bāred/ "rivière froide" un camps de réfugiés palestiniens du Liban tristement célèbre depuis son bombardement par l'armée libanaise.

On peut rapprocher le mot arabe de l'assyrien /nâru/, de l'araméen נהרא /nahro/ ou de l'hébreu נהר /nehar/ "rivière" qui entre dans la composition de la ville israélienne de Nahariya (נהריה /naharya/). Située à la frontière libanaise elle est victime des tirs de roquettes du Hezbollah.






14 déc. 2011

Ghazal d'Al-Ghazali et gazelle du Bahr el-Ghazal


Hamsa avec gazelle
De la racine arabe غزال /ġazāla/ qui signifie « courtiser, flirter » est issu le mot غزالة /ġazālat/ « gazelle » dont provient le mot français. Notre langue a connu auparavant les mot gazela ou algazelle avant de s’installer sous la forme définitive pour désigner tous les membres du genre Gazella. 
C’est aussi sous le nom d’Algazel qu’était connu en Occident le penseur persan الغزالي /al-ġazāly/, un mystique musulman du 11ème siècle féru de philosophie gréco-islamique qu’il finit néanmoins par réfuter dans un ouvrage magistral. Cet Al-Ghazali était un soufi, la branche mystique de l’islam qui chante volontiers son amour pour Dieu comme c’est aussi le cas dans le ghazal, un autre mot rattaché à la racine /ġzl/. Le ghazal غزل /ġazāl/ est un poème d’amour chanté en Perse, en Asie centrale ou en Inde. Louis Aragon s’en inspirera pour écrire « Gazel du fond de la nuit » dans le recueil « le fou d’Elsa ». 


Un autre écrivain français du 19ème siècle portait le nom de Léon Gozlan, un patronyme juif qui trouve son origine dans le mot غزْلان /ġizlān/, pluriel de gazelle.
On trouve par ailleurs le mot ghazal dans plusieurs toponymes (Bahr el-Ghazal "rivière de la gazelle" au Soudan ou au Tchad) et de nombreux patronymes (Salim Ghazal, Daif Abdul-Karim al-Ghazal...)



                       arabe غزال /ġazāla/ « courtiser »
                                         |
gazelle
Al-Ghazali
ghazal
Gozlan
Bahr el-Ghazal

Un des synonymes du mot arabe غزالة /ġazālat/ « gazelle » est le mot ظبي  /ẓaby/ que l’on retrouve dans le nom d’Abu-Dhabi أبو ظبي /ābū ẓaby/ « (le) père (de la) gazelle ». 

12 déc. 2011

Cipayes et spahis d'Ispahan


En persan le mot سپاهی /sipāhy/ signifie "militaire" et c’est de ce mot que proviennent les mots spahis et cipayes

Gustave Guillaumet - Spahi à cheval
Les spahis constituaient un corps de cavalerie de l’armée coloniale française du Maghreb dont le nom persiste dans celui d’un régiment à Valence. 
Cipayes
Du même mot persan provient le nom des Cipayes, ces soldats indiens de l’armée britannique qui furent à l’origine - en 1857 - de la première révolte anti-coloniale. 

La ville iranienne d’Ispahan اصپهان  /ēṣpahān/ ou  اصفهان /ēṣfahān/ tient son nom du moyen persan spahān, issu lui-même du pluriel du mot سپاه  /sepāh/ « armée ».


11 déc. 2011

Annamite du Vietnam, Mikado au Yunnan


            

         Le mot Annam est un exonyme donné par les Chinois de la dynastie des Tang à la région qu’ils venaient de coloniser et qui a été abandonné lors de l’indépendance du Vietnam en 939. Ce mot, tiré du chinois classique 安南  ān nam « paix sud » signifie plutôt « le sud pacifié ». C’est ce mot qui a été repris au 19ème siècle par la colonisation française pour désigner aussi bien la région centrale du Vietnam que le pays lui-même. Le mot Annam n’a jamais été utilisé par les « Annamites » eux-mêmes et il est toujours perçu par les Vietnamiens comme dégradant.

C’est ce sinogramme 南 nán « sud » anciennement prononcé nam que l’on retrouve dans le mot Vietnam qui signifie littéralement « Viets du sud ». Ce sinogramme 南 entre fréquemment dans la toponymie chinoise et on le retrouve dans les mots Yunnan (雲(云)南 yún nán « sud des nuages »)   ou Hénan hé nán « lac du sud ». 

La première syllabe du mot Annam, le sinogramme 安 ān « paix » est composé de l’idéogramme 女 nǚ « femme » surmonté de l’idéogramme 宀 mián « toit ». Une femme sous un toit, c’est donc la paix, ān que l’on retrouve dans le nom de la place Tienanmen « porte de la paix céleste » 天安門() tiān ān mén, désormais célèbre pour sa révolution réprimée.

L'idéogramme  mén « porte » a été phonétiquement emprunté par le coréen mun « porte » et graphiquement par le japonais  prononcé /do/ ou /kado/ « porte » que l’on retrouve dans le mot mikado. Dans cet ancien terme impérial (御 門 /mi kado/), le mot 御 /mi/ est un titre honorifique qui précèdant le mot porte signifie « splendeur de la porte (du palais) ». C’est ce mot mikado qui a été utilisé pour nommer un jeu de baguettes venu d’Asie.

4 déc. 2011

Un bedeau pédagogue bouddhiste et un poussah canon




         Siddhārtha Gautama est né dans la province de Kapilavastu qui se trouve aujourd’hui au Népal. Descendant d’une famille royale hindoue de la caste des ksatriyas il part en Inde chercher la connaissance et c’est dans la ville de Gayâ qu’il atteindra l’état de bodhi grâce auquel il sera alors nommé Bouddha. Le mot बुद्ध /buddha/ « éveillé » est le participe passé du sanskrit बुध /budh/ « s’éveiller, apprendre », lui-même issu du radical indo-européen *bheud- « être éveillé ». De *bheud- proviennent les mots grecs παθαίνω /pathainoi/ « apprendre » ou /paideia/ « éducation » dont le français a tiré pédagogie et encyclopédie. Cette racine est aussi à l'origine du germanique budōn « annoncer » qui a donné l'anglais beadle « sacristain » étymon du français bedeauElle a par ailleurs aussi donné le russe будитъ /budit'/ « réveiller ».



         On retrouve le mot bodhi dans un autre terme du bouddhisme, le बोधिसत्तव bōdhisattva qui signifie en sanskrit « Être d’Éveil ». Le bodhisattva est une personne qui a atteint l’état de bouddha mais retarde volontairement sa libération pour pouvoir aider les Hommes sur la Voie de la Vérité. Un des plus connus des bodhisattvas est sans doute celui qui se nomme Avlaeikteír Avalokiteśvara, un nom sanskrit  qui signifie « Seigneur qui nous observe », tiré du mot Avlaek /avalok/ « voir, regarder ». Il prend – suivant les rites et les langues – des noms et des genres différents. Il se nomme 观(觀)音 guānyīn en chinois, 관음 /gwan-eum/ en coréen et 観音 /kannon/ en japonais, voir /kwanon/ dans sa prononciation archaïque. Une firme japonaise a donné à son premier appareil photo le nom de cette déesse et l’entreprise a fini par l’adopter comme nom officiel du fabriquant de matériel optique Canon.

            Si le mot bodhisattva est difficile à prononcer pour un Français, il l’est encore plus pour un Chinois. Comme pour d’autres mots sanskrits, les Chinois bouddhistes ont eut à adapter ce mot à leur phonétique ce qui a donné le chinois 菩萨 púsà « bodhisattva ». C’est ce mot que le français a emprunté sous la forme poussah mais en lui donnant un sens dépréciatif de « bonhomme petit et gros » et de là le nom d'un petit jouet à bascule genre culbuto.

2 déc. 2011

Etna, tandoori et athanor


Avant les Italiens et les Arabes, les Phéniciens avaient occupé la Sicile et ce sont certainement eux qui ont donné son nom à l’Etna. Les Romains imaginaient ce volcan être la forge du dieu Vulcain et l’appelaient Aetna. Même si l’on propose parfois le  grec αίθω aitho « brûlant » comme étymologie, le phénicien /āttunā/ « fourneau » parait plus probable. Le mot phénicien provient d’une racine sémitique qui a aussi donné l’hébreu תנור /tannūr/ « four » ou l’arabe تنّور /tannūr/ de même sens. En dialecte sicilien, l'Etna est appelé Mongibeddu qui est l'association pléonastique du latin mons "montagne" et de l'arabe gebel, djebel "montagne".

poulet tandoori
Le persan تنور /tanūr/ s’est emparé du mot arabe et l’a transmis à l’ourdou تندور /tandūr/ qui a intercalé un « d » entre les deux syllabes. L’adjectif तंदूरी /tandūrī/ "tandoori" tiré du mot hindi तंदूर /tandūr/ « four » désigne une cuisson typique du nord de l’Inde, tel le chicken tandoori, un poulet mariné dans du yaourt puis cuit dans un four en terre. 

En Occident ce sont les alchimistes qui ont emprunté le mot arabe précédé de son article al (prononcé /at/  devant un t) pour former l’athanor (التنّور /at-tannūr/ « le four »), un grand alambic à combustion lente.